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prendre un peu de repos. Il n’y était pas depuis un quart d’heure que son attention fut sollicitée par un bruit singulier.

C’était comme un sifflement ou plutôt un bruissement continu, très doux, assez semblable au son qui se dégage d’une fuite de vapeur ou de gaz.

Lacrosse, qui s’était déjà étendu sur son cadre, se leva en sursaut et prêta l’oreille.

Le bruit ne semblait point venir du dehors.

Il émanait en quelque sorte de tous les points du navire. On l’entendait sourdre des boiseries, des cloisons, du plancher, des flancs même…. Justement alarmé cette fois, le commandant quitta sa chambre et courut tout droit aux machines, où l’on avait installé le gazomètre avec sa chambre de dilatation. Peut-être l’un des chauffeurs s’était-il avisé d’utiliser la chaudière à quelque service particulier, comme, par exemple, celui de la buanderie ?

Il fut promptement renseigné à cet égard. Aucune vapeur ne ronflait dans les chaudières, et les feux qu’on rallumait chaque jour pendant une couple d’heures pour le bon entretien des récipients, que le gel avait pu mettre hors d’usage, étaient parfaitement éteints.

Le chauffage se faisait comme à l’ordinaire, au moyen du charbon, le chimiste Schnecker, d’accord avec les officiers, ayant jugé prudent de réserver l’hydrogène pour l’époque des grands froids.

D’où venait donc cette rumeur étrange et inquiétante ?

Sans trahir ses appréhensions, qui se corroboraient brusquement de tous les incidents précédents de la soirée, le commandant appela Hardy et lui dît laconiquement :

« Écoutez ! »