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course en ballon, je continue d’éprouver à son égard une inexplicable antipathie. »

Il n’était pas nécessaire de mettre le capitaine en garde contre les mauvaises intentions possibles de l’Allemand. Un hasard providentiel avait déjà donné à ses propres soupçons une consistance sérieuse, et il s’était promis de tirer l’affaire au clair.

En effet, la veille du départ d’Isabelle et d’Hubert, le chimiste s’était offert pour les accompagner dans leur exploration à la recherche de M. de Kéralio et de ses deux compagnons.

Bernard Lacrosse s’y était refusé, invoquant une raison tout à fait plausible.

« Monsieur Schnecker, avait-il dit, votre présence à bord est indispensable. Vous seul êtes capable de remplacer monsieur d’Ermont parmi nous, et votre engagement comme chimiste me fait un devoir d’exiger que vous demeuriez avec nous désormais. »

C’était une formule courtoise sous laquelle le capitaine exprimait poliment sa volonté.

Deux jours plus tôt, en effet, Bernard Lacrosse, en passant l’inspection du bord, avait vu la porte du laboratoire de chimie entr’ouverte. Mû par un simple sentiment de curiosité, il y avait pénétré. C’était là qu’au milieu des divers instruments qui le garnissaient, il avait trouvé une feuille de parchemin pliée en quatre, et l’avait ouverte sans aucune arrière-pensée d’indiscrétion.

Or cette pièce n’était point autre chose que le diplôme de maître ès sciences délivré par une université allemande au sieur Hermann Schnecker, natif de Kœnigsberg, dont le signa-