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d’avoir atteint les terres du Nord. La colonne marcha donc résolument vers celles-ci et y parvint un peu avant la chute du jour. On avait subi de grandes fatigues, mais on fut récompensé par la découverte d’un cairn de pierres que recouvrait déjà un véritable manteau de neige. Dans l’intérieur, on trouva un document ainsi conçu : « Parvenus ici en bonne santé. Nous suivons le 41e degré de longitude occidentale jusqu’à ce que nous rencontrions le mur de glace ou la mer libre. »

Or, en ce moment de l’année, il ne pouvait plus être question de mer libre. Au nord, à l’est, à l’ouest, s’étendait l’immense plaine gelée. Les voyageurs n’avaient donc plus qu’à s’engager sur cette plaine et à suivre, à leur tour, le 41e méridien pour rejoindre les trois hardis pionniers.

Ce fut ce qu’ils firent.

La journée du 11 avait été consacrée au repos, sous la tente.

Le 12, le thermomètre descendit en deux temps à 22 et 28 degrés. On entrait dans la période des grands froids, et l’on n’avait pas, comme au Fort Espérance, l’abri d’une maison bien chauffée. Par bonheur, une telle température était absolument anormale. Dès l’après-midi du 12, le soleil reparaissant, le mercure remonta à 6 degrés.

Isabelle donna elle-même le signal du départ.

Hubert s’était approché d’elle avec une tendresse émue.

« Mon amie, demanda-t-il, voulez-vous me permettre un conseil ?

— Dites, répondit un peu fiévreusement Mlle de Kéralio.

— Écoutez-moi, poursuivit Hubert. Votre présence parmi nous n’est point indispensable désormais. Vous avez fait preuve d’un invincible courage en venant jusqu’ici. Je vous demande, pour vous-même et pour nous, de ne pas pousser plus loin cette