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partagée entre les deux postes, ce qui donnait 3 250 tubes, ou 8 mètres cubes trois quarts pour chacune des stations.

Le laboratoire fut mis en demeure de produire de l’oxygène pur au moyen de la décomposition de l’eau, et de l’azote, pour le cas où l’on referait l’expérience si concluante de l’hiver passé.

Mais, ainsi que le fit remarquer Isabelle, à quoi pouvaient tendre ces préparatifs pour ceux des membres de l’expédition qui allaient se lancer à la recherche de M. de Kéralio ?

Le froid ne tarda pas à annoncer son retour. Déjà, depuis le solstice, la nuit avait reparu, et les jours allaient s’abrégeant avec une rapidité inquiétante.

Il fallait donc se hâter, si l’on voulait profiler des dernières températures relativement douces, car chaque jour, le thermomètre descendait plus bas, et le 6 août on eut à souffrir un froid de 8 degrés.

Isabelle surtout montrait une impatience fébrile, facile à comprendre du reste. Mais, dès que la date de la première course eut été fixée au 7, elle reprit tout son calme, et par sa présence d’esprit, son entrain, par une sorte de gaîté factice, elle donna aux préparatifs une régularité méthodique qui en assura le bon ordre, en même temps qu’elle assurait le moral de la petite troupe.

Ce départ fut plein de confiance. Dès le matin, trois traîneaux, dont deux portant les canots, furent attelés de leurs chiens. La journée était superbe, et les récentes gelées avaient ressoudé les glaces du large. On pouvait donc s’y aventurer avec une sécurité presque absolue. La troupe, composée de six hommes, parmi lesquels Hubert et Guerbraz, et d’Isabelle en tenue de voyage, s’élança presque joyeusement sur le pack, Un soleil radieux brillait au firmament, et l’on se croyait certain