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— C’est parce que nous avions prévu cette preuve de tendresse filiale que M. d’Ermont et moi, décidés à vous seconder malgré tout, nous avons pensé à une solution qui pourrait concilier les exigences de votre cœur et celles de l’intérêt général.

— Ah ! fit vivement Isabelle. Et quelle est, je vous prie, cette solution ?

— La voici. En qualité de commandant de l’Étoile Polaire, j’ai la garde et la charge de toutes les existences placées sous mon commandement. Je vous propose donc de ramener au cap Washington la majeure partie de notre troupe. La maison de bois qui nous y attend lui permettra de passer l’hiver aussi doucement que nous avons passé le dernier au cap Ritter. L’état de la mer nous permet, non seulement ce retour, mais encore une course fort avancée dans les parages où nous nous trouvons présentement. Nous pouvons construire, avec la moitié de nos matériaux, un second poste d’hivernage, soit ici même, soit dans les terres du 86e que nos compagnons ont abordées. Que vous demeuriez au cap Washington, ou que vous préfériez séjourner ici, nous, M. d’Ermont et moi, nous emploierons jusqu’à la dernière heure de septembre à conduire l’Étoile Polaire et, à son défaut, les embarcations, dans les chenaux de l’océan paléocrystique. Si la mer nous est fermée, nous prendrons la route de terre, ou plutôt des glaces. Il est donc impossible que dans le délai de deux mois qui nous reste, nous n’avons pas retrouvé M. de Kéralio. »

Isabelle s’était levée. Elle avait des larmes dans les yeux. Derechef elle serra les mains de ses deux vaillants compagnons.

« Allons ! dit-elle, c’est la sagesse qui parle par votre