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avant de s’être concertés, au préalable, avec le commandant Lacrosse.

On continua donc la retraite pour ne s’arrêter qu’à l’île Courbet.

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Tel fut le récit que fit Hubert à sa fiancée.

La jeune fille, profondément émue, n’y répondit point tout de suite. Elle se retira, fondant en larmes, dans sa chambre, et s’y tint renfermée plusieurs heures. Quand elle reparut devant son cousin et le commandant, déjà en débat au sujet de la résolution à prendre, son visage était calme, sa volonté arrêtée.

« Qu’avez-vous décidé, messieurs ? » demanda-t-elle.

Lacrosse s’inclina et répondit doucement : « Rien encore, mademoiselle. Nous attendons que vous nous ayez fait connaître votre propre sentiment. »

Isabelle s’assit devant les deux hommes et, d’une voix très nette, répondit : « Vous ne supposez pas, n’est-ce pas, que je vais abandonner mon père ? »

Le commandant rectifia, avec une nuance de reproche dans le ton : « Personne ici, mademoiselle, n’a l’intention de l’abandonner ».

La jeune fille tendit spontanément ses mains aux deux hommes.

« Je n’ai jamais eu cette crainte, commandant, et ma parole n’avait pas cette signification, je vous le jure. J’ai voulu dire simplement qu’alors même que toutes les lois divines et humaines vous feraient un devoir de ramener le personnel placé sous votre sauvegarde, moi, je demeurerais ici jusqu’au jour où j’aurais rejoint mon père.