Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’hivernage, on ne pouvait guère redouter d’indiscrétion de sa part. La première condition pour qu’il pût nuire eût été qu’il revînt en Europe avant ses compagnons, et l’Allemand savait trop bien que les destinées étaient maintenant liées au sort de l’expédition elle-même.

Hubert d’Ermont ne se fit donc aucun scrupule de dévoiler ce qui lui restait de moyens.

Les tubes remplis d’hydrogène solidifié représentaient ensemble une somme de 5 mètres cubes ou 5000 litres, soit une moyenne approximative de 12500 mètres cubes de gaz. Il fallait une dépense de 2500 mètres cubes de gaz hydrogène pour gonfler le ballon.

Un seul homme était présentement capable d’aider Hubert dans la délicate et périlleuse entreprise d’un gonflement. C’était Schnccker. Plus habitué que le lieutenant de vaisseau aux manipulations de laboratoire, il s’appliqua, avec le concours de deux matelots placés sous ses ordres, à confectionner sur l’heure les tuyaux de dégagement qui allaient permettre la dilatation du précieux gaz. Il ne fallut pas moins de trois heures pour fabriquer ces conduites en plomb, la rapidité de dilatation de l’hydrogène et sa ténuité ne permettant point l’emploi de simples tuyaux de caoutchouc.

Enfin, à midi, tout était terminé. L’aérostat, plein comme un œuf, se balançait majestueusement, retenu par ses amarres et par les énormes câbles qui allaient le maintenir à une élévation de 800 mètres environ. Mais là, une double déception les attendait.

D’abord, la brume qui couvrait l’horizon ne leur permit de voir rien de saillant. Partout, à perte de vue, les glaces paléocrystiques ou permanentes, ainsi nommées par Nares et