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la côte qu’il pourrait aborder des provisions pour le retour des explorateurs en construisant des cairns, afin de mettre ces provisions à l’abri. Enfin, il demeurait convenu que, si la terre aperçue était une île, les explorateurs reviendraient sur leurs pas dans un délai de trois semaines.

Ces conventions bien établies, la petite colonne s’élança sur le champ de glace, tandis que le steamer, se conformant au programme, reprenait la route de l’est.

Il n’était que temps pour lui de sortir de la zone de glace. Le 22 juin, dans la nuit, une effroyable tempête se déchaînait sur cette portion de la mer. À la violence des vagues, à leur hauteur vraiment prodigieuse, les navigateurs purent juger que les profondeurs de l’océan étaient considérables. Pendant deux jours, le steamer eut à lutter contre une plaine écumante, sur laquelle des icebergs géants bondissaient pareils à des monstres prêts à se ruer sur le navire. De soudains abaissements de température, qui faisaient descendre le thermomètre de 8 à 4 degrés, amenaient des bourrasques de neige, tout à fait inattendues à ce moment de la saison. Enfin, le 24, l’Étoile Polaire put jouir d’un calme complet, sur une surface presque entièrement délivrée de ses dangereux débris. Elle était remontée de 6 ou 7 milles au nord et se trouvait par 0° 0′ 3″ de longitude orientale, à moitié chemin du Spitzberg.

Il était inutile de maintenir la route à l’est. Plus de terres à s’horizon ; à peine, çà et là, quelques débris de floes glissant pesamment sur la surface apaisée. Le steamer se jeta donc hardiment dans le nord et parvint ainsi jusqu’au 85e parallèle.

Ce fut avec des cris et des transports que l’on salua le passage sur cette latitude, la plus haute qu’un pied humain eût foulée. Encore ce terme n’était-il pas exact, puisque les voya-