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rature, qui dans les premiers jours ne dépassait pas 9 degrés, monta, le 8 juin, à 16 degrés et le 10 à 18. On en fut réduit à se plaindre de l’ardeur du ciel.

Mais cette progression anormale rendit de grands services aux voyageurs. Tout d’abord, elle leur permit des incursions dans l’intérieur et le long de la côte. Ils purent ainsi s’assurer que le bras de mer appelé fiord Hunt par Lockwood était un véritable golfe creusé entre le cap Washington et le cap Kane, que ce dernier commençait une série de falaises formant la limite du canal Conger, lui-même communiquant au fiord Weyprecht au sud-est de l’île Lockwood. Au delà de cette île, on ne voyait plus que la pointe extrême du cap Ramsay, mais les voyageurs reconnurent avec un soin scrupuleux toutes les découvertes de leurs anciens prédécesseurs, la Terre Hazen, terminée par les caps Neumayer et Hoffmeyer, et enserrée entre les fiords Wild et De Long. La végétation sur ces divers plateaux leur parut singulièrement abondante pour de telles latitudes. La présence d’ours et de bœufs musqués leur permit des chasses fructueuses, sans compter d’heureux coups de fusil à l’encontre des ciders, des ptarmigans, des dovekies et des lagopèdes.

Finalement, le 12 juin, devant la mer libre et sans limite au nord, on se décida à prendre terre définitivement sur ce point et à construire la maison en vue du deuxième hivernage.

L’emplacement en fut choisi avec circonspection, à l’abri des vents du nord, sous une véritable barrière de hautes collines, et déterminé rigoureusement. On constata ainsi que le cap Washington est situé par 83° 33′ 6″ de latitude boréale et 41° 12′ de longitude occidentale. Il restait donc encore