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icefield de la veille il ne restait plus, çà et là, que des fragments gigantesques sans doute, mais totalement dessoudés, d’énormes débris qu’entraînait à l’est un courant visible à l’œil nu.

En même temps, un nuage d’aspect particulier se montrait à l’horizon du sud.

Il n’y avait pas à s’y tromper, ce nuage était dû à la fumée du steamer. L’Étoile Polaire avait vaincu l’obstacle ; elle accourait de toute sa vitesse à la recherche des explorateurs.

Un long hourra salua cette apparition.

Désormais on était rassuré. Lockwood avait eu raison : l’océan paléocrystique n’existait pas en permanence. La mer était libre devant les navigateurs.

Mais ceux-ci savaient à quoi s’en tenir sur ces déblaiements subits auxquels succèdent avec une égale rapidité le retour des débaris considérables, qui entraîne la reprise du terrain perdu par la glace. Par bonheur, le vent ne varia guère, quittant le sud pour passer au sud-est et revenir au sud. À six heures du matin, l’Étoile Polaire, après avoir échangé des signaux avec les piétons, les devançait sur la route du nord. On ne devait se retrouver que sous le 78e parallèle, juste à point pour permettre le ravitaillement clés explorateurs.

Arrivés à ce point, et devant une température moyenne de 14 degrés, la première escouade rentra dans les flancs du navire. Elle avait franchi 200 kilomètres. Une seconde colonne, forte de six hommes, sous le commandement du lieutenant Pol, lui succéda. On était au 8 mai.

Mais, là, le navire éprouva une nouvelle contrariété.