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soleil, déjà haut sur l’horizon, éleva la température à 2 degrés. Cette différence dans les niveaux thermométriques fut annoncée par de longs craquements venus du large, et le 21, M. de Kéralio, et Bernard Lacrosse purent, du haut des collines qui dominaient le cap Ritter, apercevoir un vaste chenal d’eau libre à quelque 600 mètres de la côte. La fonte rapide des glaces de battures ajoutait à cette première révélation le plus favorable des commentaires.

Le 26, le floe sur lequel reposait l’Étoile Polaire se fendit dans toute sa longueur. Il fallut enlever en toute hâte les dernières pièces restées debout de son échafaudage de préservation. L’énorme débaris qui portait le navire se détacha en bloc de la côte, et se mit à dériver vers l’océan. Telle fut la promptitude de cette dérive, que les hommes de l’expédition terrestre n’eurent pas le temps de débarquer. Ils durent attendre que le steamer, entièrement dégagé, pût les déposer lui-même à l’extrémité du cap Bismarck. Cette opération ne put s’effectuer que le 30, l’Étoile Polaire n’ayant pu se soustraire à l’icefield qui l’emprisonnait qu’après une dérive d’un demi-degré dans le sud.

Le 1ermai, le débarquement était accompli. La colonne des explorateurs se composait de MM. de Kéralio, d’Ermont, Hardy, le docteur Le Sieur, les matelots Carré, Le Clerc, Julliat, Binel, Mac-Wright. Guerbraz, premier maître d’équipage, avait la surveillance des hommes.

Afin d’obliger la troupe à se tenir constamment en rapport avec le navire, on n’emporta que les vivres de trois jours de marche. C’était la meilleure manière de se contraindre au ravitaillement. C’était, en outre, la suppression des bagages et des fardeaux. La marche en était d’autant rendue plus