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si toutefois la terre s’étendait par delà les horizons entrevus par les héroïques devanciers.

Beaucoup parmi les hivernants, tous peut-être, regrettèrent la station de Fort Espérance. On avait été si heureux en cette halte presque surhumaine ! Qu’allait-on trouver dans cet inconnu vers lequel on dirigeait la seconde course ? Toutes les merveilles réalisées ici, on ne pourrait les reproduire plus haut qu’à la condition d’y rétablir le campement sur les mêmes bases et avec les mêmes garanties que l’on avait pu trouver au cap Ritter. Mais l’hypothèse même d’une marche directe vers le nord rendait cette éventualité tout à fait problématique. C’était la vie sous la tente, conjointement avec la vie à bord, si les rigueurs du Pôle le permettaient, que l’on allait inaugurer ou reprendre.

Toutefois la durée des préparatifs du départ permit aux explorateurs d’entreprendre de nouvelles excursions d’avant-garde. D’Ermont et Pol s’élancèrent les premiers sur la route du Pôle. Leurs observations confirmèrent celles de M. de Kéralio et du docteur Servan. La côte du Groenland s’infléchissait à partir du cap Bismarck, et, à moins de la présence d’une péninsule allongée, présence que rien ne faisait présumer, elle perdait son titre de « côte orientale », en faisant face au nord-est.

Dès le 20 mars, les travaux d’installation à bord étant terminés, les voyageurs commencèrent à réintégrer les cabines et le carré de l’Étoile Polaire. Afin qu’on ne souffrît pas trop du changement, Hubert, aidé de Schnecker, y installa le chauffage à l’hydrogène, et tel fut l’effet du rayonnement de la chaleur sur les glaces, que le berceau, soulagé par la pression latérale, ramena, petit à petit, le navire sur la glace. De fortes