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Hélas ! tous les efforts fussent demeurés inutiles sans l’intervention de Salvator.

Le bon chien h’avait pas hésité, lui.

En quelques bonds prodigieux, il avait atteint la faille, s’y était glissé avec une merveilleuse souplesse et, saisissant à pleines dents le manteau de la jeune fille, avait tiré celle-ci d’un mouvement prudent et continu sur la pente extérieure du gouffre.

Ce fut là que Guerbraz et ses compagnons purent la recueillir toujours évanouie.

En un clin d’œil, avec des fusils et des épieux, on forma un brancard et l’on put emporter la pauvre enfant inanimée. Au fort, la consternation fut grande à la vue du triste convoi, mais le docteur Servan et son collègue eurent promptement rassuré la colonie.

Isabelle de Kéralio en fut quitte pour huit jours de repos. Ne fallait-il pas qu’elle recouvrât toutes ses forces pour le départ vers les zones du nord !

Le retour du soleil marqua, non le terme du froid, mais celui de la captivité. Ce fut du fond de tous les cœurs que jaillit un hymne de reconnaissance et de bénédictions envers le Créateur. On n’aurait pu souhaiter de plus magnifiques résultats. Somme toute, on n’avait point souffert, et par des températures effroyables, que l’ou devait subir encore jusqu’au milieu d’avril, mais avec l’atténuation qu’y apporteraient les rayons de l’astre, on n’avait connu les atteintes du froid que pendant les heures consacrées aux excursions. Le moment était donc venu de se mettre résolument en campagne et de s’élancer sans arrêt vers la dernière étape. Une fois le 85e parallèle atteint, on pourrait espérer le triomphe définitif,