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Fidèle comme un chien, d’ailleurs toujours d’accord avec le brave Salvator, Guerbraz accompagnait la jeune fille dans ses diverses excursions.

Or, ce matin du 20 mars, célèbre à Paris par la floraison du fameux marronnier des Cent Jours, Isabelle avait poussé ses recherches de paysage jusque sur le centre même du glacier qui dominait le lit de l’Étoile Polaire.

Le steamer, de plus en plus dégagé, de plus en plus soulagé de la pression, reposait déjà sur le plancher de glace annuelle que sa quille commençait à creuser d’un sillon. Alentour, les murailles ou, plus exactement, le placage des frimas qui lui avait fait une armature impénétrable, se désagrégeait sous l’action des températures anormales du printemps. Par les trous des éboulis, on pouvait apercevoir déjà la paroi grise et sèche de la roche accore qui formait le rempart sous lequel le navire était demeuré à l’abri des tourmentes du large.

Ce fut dans cette direction que se porta Mlle de Kéralio.

Elle avait formé, depuis quelque temps déjà, le projet d’escalader les énormes blocs qui ceignaient le steamer. Celui-ci, de tribord, et cette pente transformait le mât en échelle, qu’Isabelle gravit avec l’aide du bras herculéen de Guerbraz.

Les blocs s’étageaient en un escalier de géants, que la jeune fille se hâta de franchir avec la souplesse et la légèreté d’une biche. Mais, au lieu de gagner au plus tôt le sommet, elle s’attarda à sauter de gradin en gradin, sans écouter les avis du bon Guerbraz, littéralement apeuré par cette insouciante audace.

Tout à coup, comme elle se décidait enfin à atteindre la