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Polaire, rapidement soulagée, dégagea son avant de l’étreinte qui la mettait en péril.

Avec le printemps allait revenir le temps des excursions et des chasses. Mais le printemps du pôle, qui commence, lui aussi, au 21 mars, est une de ces entités problématiques dont le nom et le règne n’ont que quelques jours de durée. Aussi bien devait-on le mettre à profit pour pousser au nord soit avec l’Étoile Polaire, soit au moyen des traînages.

Néanmoins la fatigue qu’entraîne toujours une longue claustration pesait durement sur la population de Fort Espérance. Quelques signes de scorbut, tels que gencives fongueuses et saignantes, gonflement des articulations, puis la survenance de maux de dents et de névralgies, de douleurs rhumatismales, déterminèrent les médecins à prescrire certains exercices physiques indispensables à la masse des hivernants. En conséquence, dès que les aubes de février se furent suffisamment allongées pour permettre des courses de plusieurs heures, les hôtes du Fort s’empressèrent-ils de se risquer au dehors, en dépit des températures effroyables qui continuaient à régner.

Cependant, grâce aux vêtements fourrés, à l’entretien du corps par les bains chauds et les frictions, on conservait aux membres la souplesse nécessaire aux fatigues et aux périls d’excursions sur un terrain fort accidenté par lui-même et dont la présence des glaces rendait le parcours plus difficile encore. En outre, beaucoup mieux outillés que leurs devanciers, les hivernants du cap Ritter n’avaient point à redouter, comme les marins de l’Alerte ou les soldats de Fort Conger, de trouver au retour leurs lits transformés en planches par la rigueur de la température. Les moyens extraordinaires de chauffage que l’on possédait avaient rendu facile la création d’une étuve, et une