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Les choses étant à ce point, Hubert d’Ermont vint féliciter l’Allemand.

« Mon cher monsieur Schnecker, dit-il, il ne nous reste plus qu’à azoter convenablement un engrais qui me paraît déjà fort riche. Qu’en pensez-vous ?

— Parbleu ! je pense qu’un homme qui a solidifié l’hydrogène doit avoir dans ses bagages quelques litres d’azote liquide. C’est l’enfance de l’art, ou je ne m’y connais pas.

— À la bonne heure ! dit le lieutenant de vaisseau. Voici l’azote demandé ! »

Et, ce disant, il présentait au savant un cylindre de 40 centimètres de longueur sur 20 de diamètre.

Ce cylindre, installé sur un chevalet et muni, comme les autres, d’un robinet à volant, fut mis en communication avec un baril de verre épais pourvu lui-même d’un double conduit. L’intérieur du baril fut rempli d’un mélange liquide d’hydrogène et de carbone, essentiellement avides d’azole. Avec d’infinies précautions, les deux hommes ouvrirent le robinet et laissèrent le liquide tomber goutte à goutte dans le mélange, environ deux heures, après lesquelles le fumier chimique en reçut une première aspersion fécondante.

« Maintenant dit Schnecker, il n’y a plus qu’à arroser tous les jours nos plates-bandes.

— Je me charge de ce soin, dit joyeusement Isabelle. Quel sera mon salaire ?

— C’est juste, répondit d’Ermont. Fixez-le vous-même.

— Eh bien, dit la jeune fille, je ne demande qu’une faveur, celle de mêler quelques fleurs à vos légumes.