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seulement nous avions quelques herbes fraîches à notre disposition !

— Qu’à cela ne tienne ! répliqua joyeusement Hubert. Si M. Schnecker veut m’aider, nous allons construire une serre.

— Une serre ? se récria l’Allemand.

— Parfaitement, monsieur, et dans cette serre nous ferons pousser des légumes hâtifs : carottes, salades, radis, etc., toutes choses vertes et rafraîchissantes. »

On se regarda avec stupeur. Le chimiste riait assez méchamment. Néanmoins l’enthousiasme de l’assistance fut communicatif. On ne voulut pas s’arrêter aux objections, et un hourra unanime éclata de tous les bouts de la table.

— Des légumes ! s’écria le lieutenant Rémois. Pendant que vous y êtes, un peu de fruits ne gâterait rien.

— Oui, oui, des fruits ! réclama-t-on, mis en goût et en salive par d’aussi alléchantes espérances.

— Des fraises, par exemple ? plaisanta Isabelle de Kéralio.

— N’en déplaise à ma chère cousine, nous aurons fraises et légumes au printemps. Il ne faut que leur accorder les délais de germination et de croissance. »

On acheva le repas sur ces promesses riantes.

Mais, dès le lendemain, et sous une température de 32 degrés, les hommes de l’expédition furent sur pied. Avec une activité fiévreuse, ils se mirent à la besogne.

L’un des hangars de « transition » fut promptement converti en serre chaude. Une seconde cloison de planches vint s’ajouter à la première, et entre les deux, ainsi qu’on le faisait pour les murailles de la maison, on coula de la cendre et des débris de charbon.

Deux poêles mobiles furent installés aux extrémités, reliés