Page:M. de Tracy à M. Burke.djvu/4

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j’ai de bonnes raisons pour n’en pas garantir la fidélité. Je vais le suivre pas-à-pas ; &, par le début, je juge d’abord que M. Burke n’a pas saisi l’esprit de notre révolution, car c’est sur nos forces uniquement, & non sur nos intentions, qu’il croit que l’Angleterre doit régler le nombre de ses troupes. Il nous croit aussi dangereux pour son repos, vivans sous un Gouvernement juste, sage, populaire, fondé sur la morale & le desir du bonheur des hommes, que quand nous étions régis par le Cabinet tracassier, inquiet & jaloux du Ministre d’un despote ; & il exprime cette idée fausse par cet adage insignifiant : Les Républiques, aussi bien que les Monarchies, sont sujettes à l’ambition, à la jalousie, &c. J’arrête l’honorable Membre sur ce premier mot. Je pense que la longue habitude de considérer ce que sont les Gouvernemens actuels, l’a empêché de calculer ce qu’ils peuvent être ; & je ne crois pas me tromper, en l’assûrant que la Nation Françoise est déjà trop pénétrée des principes d’une saine politique, pour que ses voisins en puissent craindre une provocation injuste, quand elle seroit au comble de la prospérité : mais aussi, je lui réponds que notre patriotisme est trop énergique, pour qu’il fût prudent de nous provoquer, même dans l’état de syncope où il nous croit, & que si on l’essayoit, il ne faudroit pas un grand effort de mémoire pour se rappeler que Gallos in bellis floruisse. Est-ce donc à un homme libre de penser qu’un Peuple, qui se battoit avec gloire pour les intérêts d’un Maître, seroit sans courage, quand il a une Patrie qu’il