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sa représentation au monde phénoménal, tel qu’il est vu objectivement par nous, et que l’on doit reconnaître comme irréel, changeant et périssable. Ces idées sont familières aux auteurs des Oupanishads. Pour eux la vraie immortalité consiste donc simplement et entièrement dans la connaissance que le soi prend de soi-même. Ainsi dans un fameux dialogue[1] entre Yagnavalkya et sa femme Maitreyi qui désire suivre son mari dans la forêt et apprendre de lui ce qu’est l’âme et l’immortalité, Yagnavalkya résume tout ce qu’il a à dire dans ces mots : « En vérité, bien-aimée, le soi, c’est-à-dire l’âme, est impérissable et de nature indestructible. Car quand il y a, en quelque sorte, dualité, alors l’un voit l’autre, l’un entend l’autre, l’un perçoit l’autre, l’un connaît l’autre. Mais quand le soi seul est tout cela, comment pourrait-il voir un autre, entendre un autre, percevoir ou connaître un autre ? Comment connaîtrait-il celui par qui il connaît tout ? Le soi ne peut être décrit que par

  1. Brih. Ar. Oupanishad, IV, 6.