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idée importante, et qui n’a jamais, que je sache, été complètement utilisée par les philosophes européens, c’est l’incompatibilité fondamentale entre le subjectif et l’objectif ; bien plus, l’impossibilité que le sujet devienne jamais objet, ou un objet sujet. Le sujet, pour les védantistes n’est pas un terme logique mais métaphysique. C’est, en réalité, un autre nom du soi, de l’âme, de l’esprit, de l’élément éternel dans l’homme et en Dieu. Les philosophes européens, quelle que soit leur opinion au sujet de l’âme, parlent toujours d’elle comme d’une chose que l’on peut connaître et décrire et qui peut par suite constituer un objet. Si le philosophe hindou est clair sur un point c’est sur celui-ci : que l’âme subjective, témoin ou sujet connaissant le soi, ne peut jamais être connu comme objet, mais ne peut être qu’elle-même et ainsi consciente d’elle-même.

Sankara n’a jamais admis que le moi ou sujet put être connu comme objet. Nous ne pouvons nous connaître nous-mêmes qu’en étant nous-mêmes ; et si d’autres personnes