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avec succès appel à la sympathie humaine sans toucher des cordes qui pouvaient vibrer.

Alors Yama dit : « Après avoir pesé tous les plaisirs qui sont ou paraissent délicieux, tu les a tous repoussés. Tu n’es pas entré dans la route qui mène à la richesse, par où tant d’hommes vont à leur perte. Tous s’agitent dans l’ombre, qui croient être sages, et, gonflés de vaine science, tournent en cercle en chancelant çà et là, comme des aveugles conduits par des aveugles. L’Après ne se dresse jamais aux yeux de l’enfant qui ne pense pas, trompé par l’illusion de la fortune. Voilà le monde, pense-t-il, il n’en est pas d’autre, et ainsi il tombe encore et encore sous mon pouvoir — le pouvoir de la mort ».

Lorsque Yama s’est convaincu que son jeune hôte Brahmane a dompté toutes les passions, et que ni le sacrifice, ni la foi dans les dieux ordinaires, ni l’espoir du bonheur céleste ne le satisferont, il commence à lui indiquer la véritable nature de Brahmane qui constitue l’éternelle réalité du monde, afin de l’amener à voir l’unité de son âme,