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plus grande que la crainte de Dieu ou de la Vérité. Tandis que dans d’autres pays, les quelques hommes qui avaient le plus profondément médité sur leur religion et pénétré le plus complètement l’esprit de son fondateur étaient exposés à être appelés hérétiques par la foule ignorante, bien plus, étaient châtiés pour la bonne œuvre qu’ils avaient accomplie en débarrassant la religion de la gangue de superstition qui l’enveloppe toujours, dans l’Inde, ces quelques hommes étaient honorés et révérés, même par ceux qui ne pouvaient pas encore les suivre dans l’atmosphère plus pure de la pensée libre et déchaînée. Et il n’était nullement nécessaire dans l’Inde pour les penseurs honnêtes de cacher leurs doctrines sous une forme ésotérique. Si la religion doit être ésotérique pour avoir le droit de vivre, comme cela a lieu souvent chez nous, quelle est son utilité ? Pourquoi les convictions religieuses craindraient-elles le grand jour ? Et, ce qui fait encore plus honneur aux anciens croyants et penseurs de l’Inde, c’est que jamais dans