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Chez les védantistes, ce sentiment d’un intérêt commun, bien plus, de l’unité ou de la solidarité de la race humaine, était très naturel. Toute leur philosophie était édifiée sur la conviction que chaque homme a son véritable être en Brahman, et ce sentiment, bien qu’il soit surtout métaphysique, se produit aussi parfois sous la forme d’une puissance morale. Nous disons, il faut aimer notre prochain comme nous-mêmes, le védantiste dit : il faut aimer nos semblables comme notre Soi, c’est-à-dire, il ne faut pas les aimer seulement pour ce qui est purement phénoménal en eux, pour leur beauté, leur force, leur amabilité, mais pour leur âme, pour le Soi-divin qui est en chacun d’eux. Ainsi, dans les Oupanishads, un vieux sage qui prend congé de ses deux femmes avant de se retirer dans la forêt, dit à sa chère Maitreyi (Brih. Ar. II, 4) : « Toi qui m’es vraiment chère, tu me dis de chères paroles. Viens t’asseoir, je vais t’expliquer la vérité, écoute bien ce que je dis. Et il dit : En vérité, un mari n’est pas cher par lui--