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il semble réellement que l’on devrait traduire brahman par verbe, et que l’ensemble du passage en deviendrait plus intelligible. Par exemple dans le Satapatha Brahmana, VI, 1, 9, nous lisons : « Pragapati, seigneur de toutes les créatures, eut ce désir : Puissé-je être plus qu’un, puissé-je être reproduit… Il créa tout d’abord brahman. » Ici, je crois, brahman avait primitivement le sens de verbe, car immédiatement après, vâk, la Parole, prend la place de brahman, et c’est elle qui produit toutes choses. Je traduirais donc : « Il créa tout d’abord le Verbe », d’où procédèrent toutes choses. À une époque plus rapprochée, ce Verbe fut identifié avec le Véda, bien plus avec les trois Samhitas, tels que nous les possédons, mais tel n’a guère pu être le sens original, quoique dans notre passage brahman soit expliqué par ces mots « la science triple » c’est-à-dire le triple Véda.

Ce sens original de brahman peut avoir été oublié par la suite, mais nous en pouvons trouver ça et là de faibles traces. Ainsi, Brihaspali, seigneur de la parole, est aussi