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la simple considération des dates, des textes dans lesquels les mêmes pensées, la théorie d’un monde idéal, et de pensées ou paroles divines réalisées dans le monde matériel, sont exposées dans l’Inde, rend impossible tout soupçon d’emprunt. Et, après tout, cette théorie qu’au commencement était le verbe, ou les mots, et que par lui ou par eux toutes choses ont été créées, n’est pas si contre nature qu’elle n’ait pu naître indépendamment en deux pays. Le mot est la manifestation de la pensée ; chaque mot, nous ne devons pas l’oublier, exprime un concept, non une perception. Arbre ne veut pas dire tel ou tel arbre, c’est le concept général de tous les arbres ; et si toute chose individuelle est la réalisation d’un type idéal de pensée ou de verbe, si chaque homme, par exemple, est la réalisation de la pensée ou du verbe divin d’homme ou d’humanité, il n’y a pas lieu de nous troubler quand nous trouvons dans l’Inde aussi bien qu’en Grèce la croyance que Dieu créa le monde par le Logos ou par le verbe, ou par les verbes, les logoi, les