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Dieu[1]. Mais un moment arrive où l’on perçoit que le monde phénoménal n’est que phénoménal, que la Divinité phénoménale n’est que phénoménale, et que derrière ces apparences il doit y avoir quelque chose de réel qui apparaît. C’est ce que le Védanta appelle le vrai Bráhman, le Moi suprême, le Dieu réellement réel. Ce Bráhman, comme le dit Sankara, bien qu’adoré sans le connaître, n’est pas affecté par nos conceptions inadéquates. Il n’est pas souillé par notre ignorance, pas plus que le soleil par les nuages qui passent sur lui. Bien plus nous pouvons apprendre à un moment donné, que de même que l’œil humain ne peut voir le soleil que quand il est couvert de ses nuages qui

  1. La même idée est exprimée en un langage quelque peu abstrus par un philosophe moderne, en ces termes : « La réalité sous les formes de notre conscience est et ne peut être que l’effet conditionné d’une réalité absolue ; mais cet effet conditionné est en relation indissoluble avec sa cause inconditionnée, et étant également persistante avec elle, aussi longtemps que les conditions persistent, est pour la conscience qui fournit ces conditions, également réel ». (Théosophie, p. 322, Voir aussi Deussen, Système du Védanta, p. 59, note).