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sophe de n’avoir pas davantage à dire que : il en est ainsi, sans être capable de dire pourquoi. Mais il est un point dans chaque système de philosophie ou un aveu d’ignorance est inévitable, et les plus grands philosophes ont dû avouer qu’il y a des limites à notre compréhension du monde ; que dis-je, cette connaissance des limites de notre compréhension est, depuis la critique de la raison pure de Kant, devenue la base même de toute philosophie critique. Le Védantiste voit partout l’œuvre d’avidya, la nescience. Il la voit dans ce fait que nous ne connaissons pas notre vraie nature et que nous croyons au monde objectif tel qu’il apparaît et disparaît. Il se garde d’appeler cette universelle avidya réelle, dans le sens où Brahman est réel, cependant il ne peut pas la dire absolument irréelle, puisqu’elle a du moins causé tout ce qui semble réel, tout en étant elle-même irréelle. Sa seule réalité consiste dans le fait qu’elle doit être présumée, et qu’il n’y a pas d’autre présomption possible pour rendre compte de ce que l’on appelle