Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
DE TIFLIS À ERIVAN

tragique ; nous dormons fort tranquilles et, dois-je l’avouer, sans le moindre remords !


12 Septembre.

Munis d’une lettre de recommandation du Prince Chervachidzé pour le gouverneur d’Erivan, général Chalikof, nous voulons lui faire visite à sa villégiature d’été de Daratchitchak. Elle est dans la montagne, à 7 verstes d’Akhta ; c’est un petit trajet en pérékladnoï.

Les fonctionnaires russes, afin d’échapper aux chaleurs torrides des étés d’Erivan, se sont cherché un Sanitarium dans la montagne, et ils ont choisi la vallée du Saoutch-boulak, affluent du Zengui[1] : ils lui ont donné le nom de Daratchitchak ou vallée des fleurs. Les anciens rois d’Arménie avaient, bien avant eux, pris leurs quartiers d’été dans cette vallée ; leur résidence située sur la rive droite du Saoutch-boulak et appelée Ketcharousse (en turc Sandjerlû), était bâtie sur le flanc de la montagne, dans un vallon boisé, à deux verstes environ au-dessus de la rivière.

Cette position était admirablement choisie ; son altitude est près de 2 000 mètres (6 500 pieds) ; les eaux y sont excellentes et l’air y est très pur ; aussi Ketcharousse eût-il ses temps de splendeur. Il n’en reste plus aujourd’hui qu’un ensemble d’églises à demi ruinées, mais qui comptent parmi les meilleurs modèles du style arménien.

Une colonie de Malakhanes vint se fixer à Ketcharousse et le baptisa Konstantinovskoje ; enfin les fonctionnaires russes y établirent leurs campements d’été et firent prévaloir la dénomination qu’ils avaient donnée à toute la vallée, et Daratchitchak est aujourd’hui le nom usité[2].

  1. On pourrait, avec tout autant de raison, ce me semble, donner le Zengui pour affluent du Saoutch-boulak.
  2. Nous avons ainsi un seul endroit qui s’appelle Ketcharousse, Sandjerlû, Konstantinovskoje, Daratchitchak. Cette polyonomie est très fréquente en Orient ; suivant la race à laquelle appartient votre guide vous êtes amené à enregistrer sous un nom entièrement différent, une localité déjà citée par un voyageur précédent, ce qui rend les identifications souvent fort difficiles.