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DE L’ARMÉNIE

Cet Amassia eut à son tour trois fils : Kegham, Parokh et Tzolag. Ces deux derniers donnèrent leur nom à deux cantons situés au pied de l’Ararat qui lui-même s’appela dès lors Massis, du nom d’Amassia.

Quant à Kegham il succéda à son père à Armavir, mais il laissa bientôt cette ville à Harma son fils et s’en alla vers le lac de Sevanga qu’il appela Kegharkouni. Là il eut un autre fils, Sissag qui reçut en apanage la province qui fut appelée de lui Sissagan et qui s’étendait depuis le lac de Sevanga jusqu’à l’endroit où l’Araxe débouche dans la plaine (un peu en amont de son confluent avec le Bergouschet). Kegham retourna ensuite dans la plaine où il mourut, en enjoignant à son fils Harma, de rester à Armavir.

Harma engendra Aram dont on raconte une foule d’actions d’éclat et de valeur, et qui étendit de tous les côtés le territoire des Arméniens. C’est de son nom, dit Moïse de Khorène, que tous les peuples appellent notre pays : les Grecs l’appellent Armène, les Perses et les Syriens Arméni.

À cette époque Ninus ne régnait pas encore en Assyrie. Aram, inquiété par les Mèdes à l’Orient, entreprit une guerre qui se termina par l’écrasement de ses adversaires. Il se tourna ensuite vers l’Assyrie qu’il conquit sans peine, après avoir culbuté et tué son roi Parscham. Ce prince ruinait sa patrie en l’écrasant d’impôts ; il n’en fut pas moins déifié et adoré après sa mort. Non content de tant de gloire, le conquérant arménien se jeta sur les provinces d’Asie Mineure. Il porta ses armes, toujours victorieuses, jusqu’en Cappadoce où un de ses lieutenants Maschag fonda au pied du mont Argée la ville de Majac (Mazaca) qui devint plus tard Césarée. Aram mourut à un âge avancé, plein de gloire, comblé d’honneurs par Ninus, alors roi d’Assyrie. Ce dernier, il est vrai, détestait cordialement le prince arménien, car c’était un descendant de Bélus et depuis longtemps il songeait au moyen de venger la défaite et la mort de son ancêtre. Mais la crainte de se voir lui-même dépouillé de son royaume le retenait. Il cacha ses perfides desseins et ordonna à Aram de conserver la puissance sans inquiétude ; et même il lui accorda le droit de porter le bandeau de perles et le nomma son second.

Le successeur d’Aram fut son fils Ara le Beau. En ce temps-là l’impudique et voluptueuse Sémiramis régnait seule à Ninive ; Ninus, son mari, s’était retiré dans l’île de Crète, dégoûté du libertinage et de la perfidie de sa femme. Sémiramis avait entendu parler de la grande beauté du prince arménien. À plusieurs reprises elle lui avait envoyé