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NOTICES SUR L’HISTOIRE ANCIENNE

Chez eux, prospérité voulait dire conquêtes. Il est peu de grands rois assyriens qui n’aient marché à la tête de leurs armées à peu près autant de fois que leur règne a compté d’années. Les expéditions militaires étaient-elles heureuses, le vainqueur rentré dans sa capitale, en attendant que le retour du printemps lui permit de marcher à de nouvelles conquêtes, employait les richesses qu’il avait rapportées et les captifs qu’il avait enchaînés, à bâtir ; pour ses dieux, des temples ; pour lui, de somptueux palais dont il ornait les salles de bas-reliefs et d’inscriptions pompeuses, destinées à conserver le souvenir de ses victoires. Ces inscriptions mentionnaient le prétexte de l’expédition et la marche de l’armée ; les pays envahis et vaincus, les villes pillées et brûlées y étaient énumérées ; la nature et la quantité du butin précisées en détail ; les captifs soigneusement comptés. En un mot, l’histoire du pays conquis, plus encore que celle de l’Assyrie, y était aussi fidèlement retracée que le génie historique des Assyriens en était capable.

Mais les légions assyriennes étaient-elles vaincues et refoulées, les frontières franchies, le pays envahi, il n’était plus question d’élever de nouveaux palais ; ressources pécuniaires et ouvriers manquaient. Avec les palais cessaient les inscriptions, et avec celles-ci cessaient les monuments historiques. Les Assyriens n’écrivaient l’histoire qu’autant qu’ils en étaient les héros.

Pour suppléer à ces lacunes, il nous faut recourir à quelque autre nation qui, elle aussi, ait eu son heure de prospérité, et qui se soit alors chargée d’écrire, avec sa propre histoire, celle de l’Assyrie qu’elle avait vaincue et tenue pour un certain temps dans l’impuissance et dans l’humiliation.

Ce que nous venons de dire de l’Assyrie peut s’appliquer à tous les autres peuples de l’Orient, et spécialement aux anciens Arméniens, aux Urardhiens[1], comme on les appelait à Ninive.

L’Urardhu, ainsi que l’Assyrie et la Chaldée, si parva licet

  1. Dans l’orthographe des noms anciens, nous représentons par la lettre u le son ou. Ainsi Urardhu se prononce Ourardhou.