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CHAPITRE XXVI

Bassorah se compose de deux parties absolument distinctes : la ville, située à trois quarts d’heure du Schatt-el-Arab, sur un canal latéral, et les établissements commerciaux bâtis sur le fleuve même. La ville a un climat épouvantable, une eau détestable et les fièvres en permanence. Il n’y a rien là que de très naturel, car tout le pays n’est qu’un immense marécage, planté de palmiers et fourmillant de grenouilles qui font un vacarme affreux.

Pour construire les maisons des commerçants sur le bord du fleuve il a fallu exécuter de grands travaux d’empierrements et de pilotis, et rapporter des terres pour refouler les marais.

Grâce à sa position sur le fleuve, grâce au mouvement du flux et du reflux, à l’air, à l’eau puisée au fleuve même, le settlement de la nouvelle Bassorah est beaucoup plus sain que la ville.

En ce moment la température y est fort agréable ; mais en été la chaleur y est terrible. Le thermomètre monte moins haut qu’à Baghdad ; mais la grande humidité rend la chaleur suffocante ; comme il est impossible de construire des serdâbs, on ne peut trouver de fraîcheur pendant le jour ; quand, la nuit venue, on s’installe sur les terrasses, il faut s’abriter sous des tentures très épaisses que la rosée perce encore parfois. Il paraît que le soleil est beaucoup plus mauvais qu’à Baghdad et que les congestions sont assez à craindre.

On m’a prétendu très sérieusement que beaucoup de poissons crevaient de chaleur dans le Schatt ?

Le Schatt-el-Arab est un magnifique fleuve dont j’estime la largeur à 4 ou 500 mètres. Les navires de 19 pieds de tirant d’eau peuvent, à marée haute, franchir la barre à son embouchure[1] ; le fleuve lui-même serait, jusqu’à Korna, navigable pour les navires du plus fort tirant.

Sous un autre gouvernement, Bassorah qui, par la force des

  1. Rien ne serait plus facile que de draguer la barre ; mais…… nous sommes en Turquie.