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MÔSOUL — LA VILLE, ETC.

dissimulé, et l’Oriental ne verra plus dans l’Occidental que « son banquier », duquel il espère tirer secours. Là est l’explication de maintes douloureuses défections ; là est aussi une des raisons de l’infériorité des missions protestantes américaines — elles ont trop d’argent.

Catholiques, nous reprochons parfois aux Orientaux de n’être pas assez catholiques ; et ce reproche que nous ne précisons ni n’approfondissons, nous rend souvent injustes.

À mesure que la primitive Église se développait, les conditions géographiques, ethnographiques ou historiques, créaient des groupements particuliers. Rome restait le centre ; le Pape, le chef suprême ; mais l’on avait par exemple le Patriarcat d’Alexandrie avec sa sphère très déterminée ; le Patriarcat d’Antioche avec la sienne ; tous deux, comme des imitations, des préfaces de Rome. Dans les pays plus lointains, on eut les Églises nationales que la langue liturgique isolait, mais que l’obédience rattachait à l’un ou l’autre grand centre. Enfin vint le Patriarcat de Constantinople, fondation d’une légitimité fort douteuse ; dès son origine, rival de Rome ; bientôt dangereusement séparatiste, enfin schismatique.

Partout en Orient l’évangélisation était partie de centres différents ; le Chrétien ne remontait jusqu’à Rome que par des intermédiaires ; ses rites, sa langue liturgique, son administration ecclésiastique ordinaire, tout cela avait un caractère particulier. En était-il moins Catholique ? Nullement, mais cet état de choses recélait des dangers.

En Occident, au contraire, l’évangélisation procéda de Rome[1] ; les groupements locaux, ou n’existèrent pas, ou, comme dans l’Église franque, furent constamment modifiés. Là même où, comme en Espagne, le groupement fut solide, la langue liturgique était la même qu’à Rome, les rites, à quelques particularités près, les mêmes. On ne connut donc pas en Occident de centre vrai-

  1. Voir Duchesne. Origines du culte chrétien.