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CHAPITRE XX

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Il nous faut donc franchir de nouveau le Tigre ; le point de débarquement ordinaire est la berge au-dessous du khân ; pour que les eaux, gonflées par les pluies, n’emportent point la barque préhistorique au delà de l’endroit voulu, il faut reporter son point de départ bien au-dessus de la ville (D). Le système est déjà fort primitif : il n’y aurait que demi mal si, du moins, nous pouvions suivre la ligne droite pour gagner de la maison de l’Évêque le lieu d’embarquement. Mais ici la Turquie se révèle
Djézireh.
toute entière.

Avant-hier, le canal qui entoure Djézireh était presque à sec, et l’on pouvait facilement le franchir à gué ; aujourd’hui les eaux l’ont envahi et il n’est plus question d’y passer. Comme l’on est en train de hâler péniblement l’unique barque de la ville, jusqu’au point d’embarquement, force nous est de franchir le canal par le pont branlant dont j’ai parlé, puis de le contourner en pataugeant dans la boue pour gagner ainsi, par un immense détour, le « quai d’embarquement ».

Pendant ce trajet qui prend une bonne heure, la pluie recommence à tomber et un vent violent se lève. Nos cinq bateliers nous attendaient transis de froid ; ils avaient dû peiner dur dans l’eau glacée pour hâler la barque.

Mais nous voici en face d’une difficulté insoluble. La caravane est trop importante pour pouvoir être passée en une fois. « Nous pouvons, disent les bateliers, passer soit vos chevaux, soit vos bagages et vos personnes, mais avec l’état du fleuve et le vent qu’il fait, il nous sera impossible de faire un second voyage aujourd’hui ». Ils ne disaient que trop vrai, car le vent faisait rage et le fleuve grondait terriblement. Que faire ? Passer