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CHAPITRE XVIII
BITLIS — SAÏRD — LE BOGHTAN
Bitlis, sa situation, son cachet. Un dimanche à Bitlis ; genre des constructions de la ville ; les bas quartiers ; la forteresse et son histoire. De Bitlis à notre campement. Curieux éperon rocheux produit par des concrétions calcaires ; la vallée du Bitlis-Tchaï ; mode d’exploitation des forêts ; une rencontre de brigands ; ancienne importance commerciale de la route du Bitlis-Tchaï. Doukhân ; impossible d’y passer la nuit ; nous poussons de l’avant ; campement à la belle étoile. De notre campement à Saïrd ; journée atroce ; difficulté de la marche sur des pentes de glaise détrempée ; abondance des perdrix ; toujours la pluie ; débandade ; Saïrd ! Saïrd ; la mission dominicaine ; les Chrétiens de Saïrd ; Le pays de Boghtân, ses ressources naturelles, sa misère ; abus honteux dans l’assiette et la collection des impôts. Une famille patriarcale. Nouvelle formalité de police ! Excursion au couvent de Deïr-Mar-Yakoub. Village abandonné aux portes de Saïrd : la vieille ville (Hadarouisse). Grève des zabtiés, ses motifs..
Arrivée 3 heures soir.
Jamais on ne s’attendrait à trouver une ville dans ces gorges étroites où les pentes raides et escarpées des montagnes viennent resserrer le lit du torrent. Mais Bitlis est la capitale[1] du Kurdistan ; il est donc juste qu’elle aussi porte le cachet étrange du peuple d’aventuriers et de bandits qui l’habite.
Un rocher volcanique, une sorte d’immense bloc erratique, barre la vallée ; la rivière l’entoure presque complètement, le transformant en une presqu’île qui ne communique avec le reste
- ↑ Il est presque inutile de remarquer que j’emploie ici le mot capitale pour désigner la ville principale. Jamais les Kurdes, divisés en mille tribus, n’ont eu une capitale proprement dite.