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CHAPITRE XVII

d’entre eux (no 7) est appelé par les habitants turbeh de Hassân Padichah[1]. La ville fortifiée (1), bâtie sur les bords du lac, est, comme nous l’avons vu, plus moderne ; elle fut fondée par le Sultan Soleiman Ghazi (975 de l’Hégire = 1564). Il est probable qu’à l’époque troublée où cette forteresse fut bâtie, le système des « jardins » parut trop dangereux et que l’enceinte fut destinée à abriter la majorité des habitants. Bien que son périmètre fût assez petit, il devait suffire à contenir une population décimée par les guerres.

Aujourd’hui quelques pauvres familles habitent seules ces ruines. L’enceinte renferme deux mosquées. L’une d’elle est une construction carrée surmontée d’une coupole cylindrique, raccordée au carré par des arcs en ogive. Son portique est assez ruiné. La seconde mosquée a une coupole octogone à l’extérieur et cylindrique à l’intérieur. Son portique est mieux conservé. Les deux mosquées sont assez pauvres en ornements.

Vers le soir nous retournons à notre grotte. Le maître de maison a gardé de la scène d’hier un trop cuisant souvenir, et il nous laisse aujourd’hui seuls maîtres et seigneurs de sa demeure.

Après le souper se présentent des musiciens kurdes, accompagnés de deux jeunes danseurs. Les musiciens se servent de la kiamantcha ou viole kurde et du tambourin. Les danseurs ont chacun des castagnettes. Ce sont des garçons de 10 à 12 ans habillés de longues robes. Leur danse est assez variée, mais le chant qui l’accompagne est monotone. À côté de trémoussements passablement sauvages et de goût douteux, ils ont des mouvements d’une grâce et d’une agilité parfaites. Cette musique barbare, renforcée par l’écho de la grotte, cette danse qu’éclairait une

  1. Je donne un dessin du turbeh no 3, d’après une photographie. Malheureusement l’humidité a abimé la plaque et mon dessinateur n’a pu y trouver que des indications beaucoup trop vagues pour pouvoir reconstituer d’une façon nette les charmants motifs de décor. Je n’étais pas capable de déchiffrer les inscriptions des différents turbehs, et Deyrolle (Tour du monde, XXX, 287), qui donne les noms des Sultans enterrés sous ces monuments, ne donne point de plan d’Akhlât, de telle sorte que je n’ai pu établir l’identité des tombes. J’ai identifié le Turbeh no 3 d’après Layard qui le reproduit : Discoveries in the ruins of Niniveh and Babylon, p. 25.