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CHAPITRE XVII

notre grotte, recevra une balle dans la tête ; puis nous nous préparons à nous aller coucher.

Nouvel incident : Hyvernat tombe dans le tandoûr ! l’incident n’est heureusement que risible.

Avant la scène du baromètre, notre hôte nous avait apporté un paquet dont il voulait, dit-il, nous montrer le contenu. Il s’accroupit devant nous, prend un air grave et commence à défaire l’enveloppe du paquet. Il déplie avec une lenteur solennelle, et s’interrompant à chaque fois, un, deux, trois, quatre, cinq…… dix-neuf mouchoirs, et du dix-neuvième nous tire un évangéliaire de l’édition princeps des Méchitaristes de Venise. Ce respect avait son côté touchant, mais les dix-neuf mouchoirs mirent notre sérieux à une terrible épreuve ! Inutile de dire que cet évangéliaire n’est jamais feuilleté, son propriétaire ne sachant pas lire.


29 Novembre.

Nous consacrons la journée à la visite des ruines éparses aux alentours.

Le matin nous remontons la vallée jusqu’au village de Matawantz[1] qui est à une demi-heure de chemin d’Akhlât. La vallée n’est qu’une gorge assez étroite où l’impétuosité du torrent et les grands éboulements de roches volcaniques donnent souvent au tableau des aspects grandioses. Mais l’intérêt de la promenade est dans le nombre incalculable de grottes taillées dans le rocher. Beaucoup sont à peu près éboulées et leur dimension est très variable. On est peut-être en droit de considérer ces habitations, aujourd’hui désertes, comme le noyau le plus ancien de la ville d’Akhlât ; mais ce serait une erreur de reculer l’époque où l’ensemble de ces demeures a été creusé jusque dans les temps préhistoriques. On connaît plusieurs villes souterraines dans ces régions. Ani a son quartier de grottes, et en Géorgie l’on rencontre, près de Gori et ailleurs encore, des villes souterraines

  1. Matawantz ou mieux Matnavantz.