baromètre. Je m’en saisis, et tout entier au soin de constater les dégâts que la cendre et la chaleur du tandoûr lui ont causés, j’oublie le voleur, laissant ainsi à Hyvernat le rôle de justicier.
Il commençait à le remplir en bourrant le voleur, quand
entre un de nos zabtiés. À peine au courant du fait, il bondit sur
notre individu, et, aidé de nos hommes, commence à le rouer de
coups. Son frère, notre hôte, a la naïveté de choisir ce moment
pour réclamer son bakschîch et excuser le voleur par ce singulier
raisonnement que « le baromètre leur appartenait du moment qu’il était tombé dans le tandoûr » ! Le zabtié pour lui apprendre
Huche à farine (hauteur 1m,75).
les lois de l’hospitalité, lui assène un grand coup sur la tête ; puis, aidé de nos hommes, il expulse à coups de trique le voleur et
notre hôte, qui crient tous deux à tue-tête : « Tandoura düchti,
tandoura düchti », c’était tombé dans le tandoûr, c’était tombé
dans le tandoûr !
L’exécution eût été suffisante ; mais nos hommes étaient furieux ; les zabtiés voulaient témoigner du zèle et, une fois la rossée commencée, nous sommes impuissants à l’arrêter. Le voleur est conduit à notre autre zabtié qui a le grade de schiaoûch (sergent) ; il ne veut pas être en reste, et rosse de plus belle le malheureux qu’il fait coucher à côté de lui en le garrottant solidement. Le pauvre diable a été si malmené que son ventre en est enflé. Ce sont des procédés brutaux. Mais ils rentrent tellement dans les mœurs, que celui qui n’y aurait pas recours dans une certaine mesure se ferait mépriser et voler en détail. Au demeurant, notre voleur sera relâché demain et pour un Arménien, habitué à être malmené à plaisir par les Turcs, il trouvera encore qu’il en est quitte à bon marché !
Pour nous, nous exhibons nos revolvers et nous déclarons solennellement que le premier qui aura le malheur d’entrer dans