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CHAPITRE XVII

le territoire d’une ferme-école, au milieu d’une culture perfectionnée »[1].

Que sert, hélas ! à un pays toute sa fertilité quand les récoltes, qui aujourd’hui sont semées et rentrées en paix, sont ensuite pendant des années livrées au pillage ! Depuis le passage de Deyrolle, des tribus kurdes ont dû comprendre Akhlât dans l’aire de leurs razzias et amener ainsi la population à ne plus cultiver que dans la stricte limite des plus urgents besoins.

Géographiquement, Akhlât, situé à l’angle du lac, tendant la main à Bitlis, Moûch et Melezguerd, devrait, comme par la force des choses, être un entrepôt commercial au lieu d’un désert.

Aussi bien, Akhlât a joué dans l’antiquité un rôle considérable.

Il est impossible de déterminer l’époque de sa fondation ; on sait seulement par le témoignage des historiens orientaux qu’elle était comprise dans le district arménien de Peznouni (Deyrolle écrit Keznouris et Texier Pernouni). Le nom arménien était Khlât, mais le nom arabe et turc est Challath, ou mieux Akhlât.

C’est sous ce nom que la ville est le plus connue, car son développement historique se rattache aux invasions musulmanes. Les Khalifes, dont les armées avaient subjugué toute la petite Arménie jusqu’à Melitène (Malatiyeh) et s’étaient avancées dans toutes les vallées communiquant avec le lac de Van, s’emparèrent d’Akhlât au neuvième siècle.

Les empereurs byzantins finirent par en chasser les Musulmans (993) et ils conservèrent cette place pendant quelques années. Mais ils ne purent s’y maintenir contre les attaques des princes indigènes, soutenus sans doute par les Seldjoukides, et Akhlât devint l’apanage de princes kurdes qui y fondèrent de passagères dynasties. L’une d’elles, la dynastie des Merwanides, régnait à la fois à Diarbekr et à Akhlât. Sa tyrannie finit par devenir si insupportable aux habitants d’Akhlât, qu’ils pré-

  1. Tour du monde, XXX, 286.