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CHAPITRE XVI

Quoique nous fussions assez bien équipés comme vêtements, nous n’étions pas préparés à affronter l’hiver tel qu’il s’annonçait. Heureusement le bazar de Van est assez bien fourni. On y trouve un tailleur à l’européenne et l’on y peut acheter des effets de laine. En faisant de savantes combinaisons d’habillement nous arrivons à nous munir contre le froid. Nos casques Stanley sont remisés au fond des caisses ; ils sont désormais, non seulement inutiles, mais même dangereux, car ils nous signaleraient trop à l’attention des montagnards. Nous les remplaçons par le fez turc, auquel nous ajoutons pour les temps froids, la lesghienne, excellent capuchon se terminant par deux longues bandes qui peuvent se nouer en cache-nez ou se disposer en turban.

Pour garantir mes genoux contre le froid, la neige, et la pluie je me fais confectionner des pantalons en peau de bique, poil en dedans. Le fond est absent ; c’est à peu près l’accoutrement du vaccaro de la campagne romaine et pour une expédition à cheval au milieu de l’hiver, c’est délicieux. Notre literie s’augmente de deux énormes couvertures piquées commandées ad hoc ; quelles bonnes nuits nous avons ronflé sur nos lits de camp, confortablement roulés dans ces couvertures ! De grosses bottes kurdes et des bas tricotés à la façon de fourrures complètent l’accoutrement. Ce dernier article nous servit peu, nos bottes européennes nous protégeant suffisamment contre le froid.

Mais notre bagage constitué, nos provisions faites, restaient deux grandes difficultés ; nous procurer la possibilité de trouver de l’argent, d’ici à Môsoul ; puis, louer des chevaux de charge et des guides.

La première question fut facilement résolue, grâce à M. Kapamadjan. Nous lui donnions des traites sur Constantinople ce qui pour lui était une aubaine ; lui, nous remettait un effet sur son correspondant de Bitlis. Nous pouvions ainsi quitter Van sans emporter trop d’espèces sonnantes, ce qui eût été un dangereux bagage.

La location des chevaux de charge était chose beaucoup plus