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CHAPITRE XIV

la Guiche, de Roger, etc. Van étant encore bien peu fréquenté[1], nous nous croyons autorisés à laisser à notre tour dans le Khorkôr une preuve de notre passage. — Mais nos efforts sont inutiles : pour graver nos noms, il faudrait un burin d’acier de la meilleure trempe, et nos poinçons n’arrivent même pas à mordre sur ce calcaire dur comme du fer. Quel effroyable travail ce dût être de creuser de pareilles chambres !

Au-dessous de la grotte que nous avons visitée s’en trouve une autre sans aucun accès. Deyrolle — non sans danger — s’y est fait descendre, attaché à une corde, mais nous n’avons nulle envie de tenter l’expérience.

Les rochers au-dessus de la grotte de Khorkôr sont taillés en forme d’escaliers. Les rois de Van, dit la légende, les firent ainsi tailler pour venir s’asseoir sur ces gradins et de là contempler l’admirable panorama de leurs domaines ! La vérité me semble plus prosaïque, et pour moi, ces gradins n’étaient que des fondations à redents destinées à porter les premières assises des fameuses constructions de la ville de Sémiramis.

Quelques assises de blocs gigantesques en subsistent encore à l’extrémité Nord-Ouest de la forteresse (g du plan) ; c’est absolument tout ce qui reste de la splendeur des temps anciens ; et cependant, écoutons ce qu’était alors Van.

D’après Moïse de Khorène, Sémiramis après avoir achevé la conquête de l’Arménie se trouvait avec son armée sur les bords du lac de Van. Charmée de l’aspect enchanteur, de la douce température, de la riche verdure et de la bonté des eaux du pays qui s’étend sur la côte orientale de ce lac, elle résolut d’y fonder une résidence royale et d’en faire son séjour d’été.

Elle choisit un bel emplacement sur la côte Sud-Est, doucement incliné vers le Nord, et vers le Midi effroyablement à pic.

Elle fit venir de l’Assyrie 42 000 ouvriers qui furent dirigés

  1. Comme visiteurs de Van, nous succédions immédiatement à M. Binder qui y avait passé plus de deux ans avant nous.