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CHAPITRE XII

nous trouvons dans la petite cour d’une masure de paysan une pierre ronde, probablement la base d’une ancienne colonne, portant une inscription de deux lignes dont le texte se répète deux fois. Nous revenons à pied à Tchoravantz, où quelques fouilles superficielles ont été faites sur le monticule qui domine le village ; là ont été trouvées avec quelques antiquités, des pointes de flèches que possède M. Reynolds, et les deux fûts de colonnes qui se trouvent dans la maison de Ferdjulian.

Notre infernale voiture nous rejoint de nouveau ; Grimaud monte sur le siège ; mais malgré trois triques qu’il casse sur le dos du cheval récalcitrant, il est impossible d’avancer ; nous abandonnons de nouveau le « coupé » à son triste sort et revenons à pied au clair de lune, fort gaiement d’ailleurs.

Les terrains que nous avons traversés aujourd’hui, sont très curieux par le mélange de calcaires extrêmement variés et de produits volcaniques.

Mauvaise nouvelle. — M. Koloubakine va être obligé de partir pour faire un voyage d’affaire à Kars ; c’est un homme extrêmement occupé et, de Van lui ou son second M. Chérifoff, rayonnent constamment. Ce qu’ils peuvent bien faire, je ne le sais exactement : en tous cas, ils font voir la casquette russe, écoutent les doléances des uns et des autres, intimident parfois les fonctionnaires turcs toujours prêts aux exactions, et étendent peu à peu le prestige et l’influence morale de la Russie sur ces contrées qu’elle espère bien s’annexer un jour.

Pendant la visite d’adieu que nous faisons au Consul, celui-ci ne nous cache pas ses inquiétudes à notre sujet ; il craint fort que le gouverneur turc ne nous fasse dévaliser après notre départ de Van. La chose n’aurait rien d’extraordinaire, car le Consul anglais en se rendant de Môsoul à Van a été dévalisé sur l’instigation d’un Pacha ; une tentative du même genre, heureusement éventée, avait été projetée il y a peu de temps contre M. Koloubakine par des Kurdes que soudoyait, assure-t-on, le Vali de Van.