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DE DJOULFA À OURMIAH

aux linguistes. Les tombes sont généralement très simples ; la plupart ne sont que des monolithes à peine dégrossis ; quelques-unes reproduisent grossièrement la forme d’un bélier[1]. En dehors des anniversaires des défunts, les tombes sont assez délaissées.

Khosrâva est le siège d’un Archevêché chaldéen dont la juridiction s’étend sur une population très clairsemée. L’Archevêque, Monseigneur Augustin Bar-Schino, est un indigène, ancien élève de la Propagande ; c’est aujourd’hui un vieillard décrépit. Nous le trouvons couché sur un lit boiteux sous le porche de sa demeure, petite maison en pisé d’assez pauvre apparence ; l’entrevue fut courte, et visiblement le pauvre vieillard avait peine à soutenir la conversation.

Nous faisons aussi la connaissance des deux religieux arméniens mékhitaristes qui résident à Savoura et ont la charge spirituelle de leurs compatriotes disséminés dans le pays. Leur ministère auprès des Arméniens grégoriens promet d’être très fécond[2].


23 Septembre.

Aujourd’hui, dimanche, au moment où nous nous mettions à table, arrive le Consul russe de Van ; les Pères le retiennent à dîner. D’ici M. Koloubakine va passer trois jours à Ourmiah pour retourner ensuite directement à Van.

  1. « Cet usage de mettre un bélier sur un tombeau tient à une superstition que les prêtres tolèrent en mémoire des sacrifices de l’Ancien Testament, mais qui n’est autre chose qu’un reste de paganisme et des agapes des funérailles anciennes. Les parents, après avoir descendu le défunt dans sa dernière demeure, égorgent sur la tombe un bélier qui est ensuite mangé en famille, en ayant soin toutefois, d’en envoyer une portion au prêtre qui a accompagné les funérailles. » Texier, Arménie, i, 63. Actuellement dans le pays d’Ourmiah et de Khosrâva ces usages ont disparu parmi les Catholiques.
  2. Les PP. Mékhitaristes avaient réussi à ramener à l’unité catholique une partie des dissidents arméniens de Malhasa. Peu de temps après (4 janvier 1891) le Père Baronian tombait sous le poignard d’un Arménien dissident auquel il venait de donner l’hospitalité. Je n’ai pu savoir qui avait dirigé les coups de ce misérable ; mais comme en assassinant le Père il lui coupa une oreille, il est difficile de ne pas reconnaître dans cette mutilation la marque d’une œuvre de vengeance préméditée, et de ne pas soupçonner une coterie d’Arméniens grégoriens fanatiques. Au demeurant, on semble prendre goût à l’assassinat dans le pays. Dernièrement la femme d’un missionnaire américain fut assassinée par un maître d’école qui venait d’être renvoyé de la mission américaine.