Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
CHAPITRE VIII

22 Septembre.

Khosrâva, l’un des villages de population chaldéenne qui sont disséminés au milieu des localités arméniennes ou musulmanes du pays de Salmas, est bâti dans la vallée du Tcharra-tchaï : son terroir est composé d’une argile claire, disposée en couches profondes, que l’irrigation rend extrêmement fertile.

À une heure environ à l’Ouest de Khosrâva se trouve la petite ville de Salmas que l’on appelle dans le pays la « vieille ville » : ce fut autrefois un centre important, qui donne son nom à tout le canton.

Au temps de la plus grande extension du royaume d’Arménie, les contrées qui font aujourd’hui partie de l’Aderbeidjân étaient des annexes de ce royaume, et le canton de Salmas appartenait à la principauté de Persarménie ; Salmas en était la capitale. Son antiquité ne remonte pas au delà du iiie siècle de notre ère ; elle fut parmi les premières villes à se convertir à la foi chrétienne, et aujourd’hui encore, le pays de Salmas est, de toute la Perse, celui qui, proportionnellement à sa population, renferme le plus grand nombre de Chrétiens[1]. Les Arméniens du canton sont en majorité schismatiques ; mais les Chaldéens sont presque tous catholiques.

Ceux-ci ont partagé autrefois les vicissitudes du schisme nestorien ; mais ils l’abandonnèrent au xviiie siècle, grâce aux prédications d’un jeune Chaldéen, originaire du Diarbekr. Il avait été, dans sa patrie, converti par les missionnaires dominicains. Franchissant les montagnes du Kurdistan, il vint à Khosrâva exercer la profession de teinturier. Quoique ignorant, il devint bientôt, par son zèle et la sainteté de sa vie, l’apôtre de ses apprentis. Ses instructions, et plus encore ses bons exemples, opérèrent leur conversion. À ces prosélytes se joignit un homme veuf doué

  1. Le pays de Salmas fut occupé par les Russes pendant la guerre qui se termina au traité de Turkmentchaï (1828). Cette occupation a laissé de profonds souvenirs dans le pays. Les vieillards auxquels on demande leur âge répondent presque toujours qu’ils sont nés tant d’années « avant » ou tant d’années « après les Russes ». Paskiévitch porta un grand coup à la prospérité du pays en remorquant à sa suite en Russie plusieurs milliers de familles arméniennes.