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CHAPITRE VI

paient avec leurs dentelures étranges les chaînes de montagnes du Karabagh ; sur la rive droite de l’Araxe, le Nicham.

Les contreforts dénudés de ces montagnes, les unes volcaniques, les autres composées d’un grès rouge-sang[1], offrent déjà pendant le jour les teintes de roches les plus vives, du rouge intense au vert et au violet ; mais une lumière trop éclatante leur fait tort. Au coucher du soleil toutes ces teintes prennent une harmonie et une chaleur de tons ravissantes : feu de Bengale inimitable dont la nature fait les frais ! Dans la campagne tout est silence ; de longues files de chameaux parcourent seules la plaine pour gagner un campement ; au loin l’on entend le cri du Muezzin qui appelle à la prière les fidèles du Prophète ; peu à peu tout se tait : l’un après l’autre les hauts sommets, irisés des dernières lueurs du jour, entrent dans l’ombre, et à ce spectacle succèdent les poétiques splendeurs d’une nuit d’Orient.


18 Septembre.

Comme la plupart des voyageurs se rendent directement de Nakhitchévan à Khoï, sans passer par Djoulfa, il nous est difficile d’organiser notre caravane, et nous attendons vainement des chevaux pendant toute cette journée.

Notre temps se passe à repousser les importunités du maître de poste, propriétaire ou gérant du khân ; il est ivre-mort et se traîne constamment jusqu’à notre chambre prétendant nous confisquer notre bagage ! Il est curieux de voir avec quel respect les domestiques traitent cette vieille brute.

  1. Pour la géologie des environs de Djoulfa voir Dubois de Montp. Atlas. Série v, planche 7. E. Reclus, Géog. vi, 256, nomme en détail la plupart des sommets du Karabagh.