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CHAPITRE VI

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Le palais en lui-même est parfaitement insignifiant ; mais sa terrasse forme un des plus beaux belvédères du monde. Elle domine la large vallée de l’Araxe et dans le lointain la vue se repose avec délices sur l’incomparable Ararat. C’est vu de Nakhitchévan que l’Ararat se présente sous les formes les plus gracieuses ; le petit cône se projette entièrement sur le grand, de sorte qu’on ne voit qu’un seul cône parfait, élancé et majestueux. La chaleur du jour donne à l’atmosphère ces effets de vibration particuliers à l’Orient, et la blanche calotte de neige de l’Ararat semble flotter dans les airs[1].



Comme dans la campagne romaine, plus on s’éloigne de Saint-Pierre, plus sa coupole grandit et ses lignes s’harmonisent ; ainsi pour l’Ararat, plus on s’en éloigne, plus ses contours se fondent et plus sa grandeur s’impose.

Après avoir longtemps admiré ce paysage, nous nous dirigeons vers la place où passeront tous les cortèges.

Cette place carrée est plantée d’arbres ; un côté se relève en gradins naturels, tandis que la tour des Khâns et les premières constructions du palais de Rahîm ferment deux des autres côtés : le quatrième est bordé de masures.

Nous grimpons sur la terrasse d’une de ces masures ; en face de nous, gradins de la colline et toits des maisons, tout est couvert d’une foule grouillante ; voiles et costumes, rouges, bleus, bigarrés de toutes les couleurs ; l’ensemble est éclairé d’un jour splendide. Le défilé commence.

  1. Je demande pardon au lecteur — ou plutôt je demande pardon à l’Ararat de le représenter sous ce vilain croquis qui ressemble en somme à une caricature.