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bientôt du joug de son imbécile tyran; il devra aux Français, comme les autres pays, son indépendance et son bonheur.

Des États-Unis d'Amérique

Les États-Unis d'Amérique sont, à n'en point douter, les alliés, les amis de la France. Leurs voeux pour le triomphe de ses armes ne sont point équivoques; ils ont éclaté en différentes occasions, dans leurs papiers, dans leurs places publiques, dans leurs sociétés. Au bruit des succès de la République, ils se sont réjouis et ont été transportés; au récit des trahisons et des perfidies dont elle a été la victime, un deuil général s'est fait apercevoir: jamais ils n'ont désespéré du salut de leurs alliés. L'arrivée du citoyen Genêt dans les États-Unis a été remarquable par la quantité d'adresses qui lui ont été présentées, toutes expressives de la reconnaissance des Américains envers la France et leurs voeux pour sa prospérité. Des fêtes publiques ont même été célébrées à cette occasion. Lors de la malheureuse incendie du Cap, les colons ont éprouvé en Amérique leurs douceurs de l'hospitalité la plus religieuse. Il a été pourvu à leur entretien et plus de 40 mille piastres ont été destinées à cette oeuvre pieuse. J'ai vu moi-même des particuliers se disputer le plaisir de loger dans leurs maisons des familles entières de ces infortunés.

Deux causes ont pendant quelque temps diminué la bonne opinion qu'avaient conçue les Américains de la Convention nationale, sans néanmoins affaiblir leur amitié pour le peuple français. La première, était la manière dont certains journaux (Le patriote entre autres) rendaient les débats de la Convention, attribuant à des haines particulières, ce qui n'était que l'expression d'un patriotisme ardent couvrant d'infamie, marquant même au coin de la scélératesse plusieurs député et n'omettant rien enfin pour persuader à l'Europe, au monde entier, que la Convention n'était pas libre etc.

La deuxième cause, est le peu de ménagement avec lequel certains membres de la Convention, et plusieurs écrivains, affichaient publiquement l'athéisme et cherchaient à anéantir totalement toute idée d'un Être suprême. Les Américains sont, peut-être plus que tout autre peuple, attachés aux opinions religieuses et l'expérience leur a