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exposée à une chaleur de quelques milliers de degrés, doit devenir aussitôt lumineuse, comme c’est le cas pour les poussières de chaux, de magnésie, que l’on projette dans la flamme du gaz oxyhydrique. C’est ainsi que s’explique la queue ou traînée lumineuse qui accompagne la chute des étoiles filantes, des bolides[1], etc.

C’est un fait extrêmement curieux que la différence de température produite est indépendante de la densité de l’air, mais dépend seulement de la différence des pressions produites par le choc, laquelle ne dépend pas de la densité, mais seulement de la vitesse du bolide.

Ainsi, pour un bolide animé d’une vitesse de 30 kilomètres par seconde, l’accroissement de pression sera de 1 à 5,632 et l’accroissement de température de 273° à 3.341°, que l’air soit à la pression d’un millième ou d’une atmosphère. C’est ce qui explique pourquoi les étoiles filantes qui traversent les hautes régions de notre atmosphère deviennent très lumineuses. Il convient de noter cependant que si la différence de température est indépendante de la densité de l’air, la quantité de chaleur est, au contraire, en raison directe de la densité. C’est pour cela qu’un bolide, à conditions d’égale vitesse, devient plus lumineux dans les couches basses de l’atmosphère.

À cause de la résistance que l’air lui oppose, la vitesse du bolide diminue considérablement. Voici deux exemples numériques que nous empruntons à M. Hirn, et qui rendront palpable cette diminution de vitesse.

Soit un aérolithe sphérique d’un mètre carré de section du poids de 2.000 kilogrammes, densité 2,6, et vitesse de 30 kilomètres par seconde. Pour que sa vitesse soit réduite au centième, c’est-à-dire, à 300 mètres par seconde, il suffira que l’aérolithe parcoure une trajectoire de 145 kilomètres.

En supposant maintenant une section de 10m2, la même densité, le poids de 6.300 kilogrammes, il faudra que l’aérolithe parcoure 459 kilomètres pour supporter la même diminution de vitesse.

Considérons à présent le cas de chute verticale du premier aérolithe, du poids de 2.090 kilogrammes ; sa vitesse en arrivant sur le sol sera à peine de 2.460 mètres, et le temps de sa chute ne sera que de 15 secondes

La vitesse dont est animé l’aérolithe ou la météorite en tombant à la surface de la terre est incomparablement moindre. C’est là ce qui explique pourquoi il n’est pas toujours enterré, ni même complète-

  1. Phénomènes dus à l’action de l’atmosphère sur les étoiles filantes, etc. par C. A. Hirn, Paris, 1883.