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détaché partout où mon concours était jugé nécessaire par l’administration, soit comme secrétaire titulaire, et j’ai acquis là une expérience de la vie que vingt ans d’existence indépendante ne m’auraient certainement pas donnée.

C’est une grave erreur de croire qu’on n’a affaire dans les commissariats qu’à la lie de la société, qu’à des malfaiteurs arrêtés pour un délit quelconque. Certes, on est à même de voir de près toutes les variétés de coquins, mais il arrive fréquemment que des jours s’écoulent sans qu’une arrestation soit opérée dans un quartier, et cependant dans le bureau ne cesse de défiler une foule de gens qui viennent consulter le commissaire ou son secrétaire, lui faire leurs petites confidences, lui demander aide, conseil ou protection.

A Paris, et plus spécialement dans les quartiers populaires, le commissaire, le quart d’œil comme on l’appelle, est l’arbitre suprême de toutes les contestations, le juge naturel de tous les différends, même les plus intimes. On ne remue pas une paille qu’il n’en soit averti.