Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
MONSIEUR AUGUSTE

que vous avez seuls, vous auriez fait tomber les deux petits atouts de mademoiselle, qui les a employés à couper !… c’est désolant de voir jouer ainsi.

Octave se leva, en fredonnant, et dit ; — Il faut payer, que dois-je ?

— Mais vous ne prenez pas votre revanche ? dit M. Lebreton.

— Oh ! non ! dit Octave, le colonel joue trop bien pour moi… Je vais, vous chercher un quatrième, à la salle de billard… mon père doit être arrivé ; il joue beaucoup mieux que son fils… Voyons… je perds… deux triples… dix… à cinquante centimes… cinq francs… voilà… c’est désolant !

Le ton ironique de ces deux derniers mots n’échappa point au colonel. Octave se contenait depuis trop longtemps ; il éprouvait le besoin de respirer et d’éclater en malédictions furibondes contre Auguste. Un reste d’égard pour les convenances lui avait fermé la bouche devant M. Lebreton, et fait accepter une tournée de whist. Ces derniers devoirs de politesse remplis, il s’enferma seul dans son atelier, et dans un long monologue qui le soulagea un peu, il jura de se venger de ce perfide Auguste qui prenait le