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MONSIEUR AUGUSTE

— Quatre tricks… première manche triple !… trois fiches.

— Vraiment, monsieur ! dit le colonel en croisant les bras, vous faites des fautes d’écolier. Vous avez roi et dame de pique, et vous attaquez par la dame ! Ensuite, vous me faites une invite par le dix, dans une couleur où vous avez la tierce majeure ! Enfin, vous n’avez que le dix d’atout, et vous ne surcoupez pas le neuf de mademoiselle ! Que voulez-vous faire de votre dix ?… Ce n’est pas perdre la partie, c’est la donner.

Cette fois, Octave ne répondit rien ; il prit délicatement la cravache qu’Agnès avait mise sur un fauteuil voisin, et l’examina avec beaucoup d’attention, pendant qu’on tamisait les cinquante-deux cartes.

La seconde manche fut enlevée par M. Lebreton et Mlle Agnès, encore plus rapidement, et à égalité d’honneurs.

— Pourquoi n’êtes-vous pas revenu à mon invite ? demanda le colonel en amortissant sur la table un coup de poing qui partait pour être violent.

— Pardon, je n’ai pas pris garde, dit Octave, en jouant avec les fiches.

— Un invite du deux ! c’est superbe ! si, au moins, vous eussiez fait atout de votre as et de votre roi